Paris est-elle en train de réussir sa mutation des modes de transport ?
Imaginer l’évolution des mobilités à l’échelle du Grand Paris à l’horizon 2030 : c’est le défi que s’est lancé la Ville. Améliorer les problèmes de pollution atmosphérique et désengorger les transports en commun surchargés, tels sont les enjeux. Pour les atteindre, il faut essentiellement passer par une prise de conscience collective et des mesures phares, afin de faire progressivement évoluer pratiques et comportements.
Les Parisiens font partie des habitants les plus éco-responsables du monde. Deux pratiques en sont l’illustration : la marche à pied et l’utilisation du vélo. La marche à pied est en effet le deuxième mode de transport le plus utilisé dans Paris intra-muros, par ailleurs, plus de 6% des trajets domicile-travail sont quotidiennement effectués à vélo. Des résultats encourageants qui mettent une première pierre à l’édifice de la mobilité de demain. Mais la ville de Paris a encore des montagnes à gravir et des challenges à remporter.
Des transport publics surchargés
Depuis de nombreuses années, la ville de Paris rencontre une difficulté liée au “mass transit”, c’est-à-dire au surencombrement des transports publics. Bien que les services publics et collectivités investissent énormément pour pallier ce problème, le retard reste trop important. Le RER B a en effet été conçu pour transporter quotidiennement 300 000 passagers, hors, c’est aujourd’hui plus de 650 000 voyageurs qui l’empruntent.
Le Grand Paris va apporter un semblant de réponse en permettant chaque jour à plus de 2 millions de voyageurs de réaliser leurs trajets, ce qui permettra de désencombrer le reste du réseau francilien. Cependant, ces évolutions iront de pair avec une augmentation constante de la population urbaine en région Parisienne, et le problème risque de se poser à nouveau très rapidement. Dans un contexte d’épidémie mondiale, et de distanciation sociale imposée, l’engorgement des transports publics représente un problème à l’importance accrue.
Réinventer le rôle des réseaux routiers et de la voiture
La révolution de la mobilité ne peut pas uniquement venir des transports publics (dont la part des déplacements ne représente que 27% en Ile-de-France et 34% à Paris). Les routes sont ainsi remises par la région au cœur des débats liés aux enjeux de mobilité. Il n’existe en effet pas de réseau de transport plus mal exploité que les routes, en témoignent les 400 km quotidiens d’embouteillages quotidiennement rencontrés par les usagers et travailleurs qui effectuent des déplacements domicile-travail en voiture. Comment expliquer ces surcharges ? Dans chacune de ces voitures, il n’y a en moyenne qu’1,1 usager (qu’une personne par voiture si on caricature). Si on parvenait à augmenter la moyenne à 1,8 usager par véhicule, les bouchons disparaîtraient tout bonnement ! L’enjeu des réseaux routiers est donc clairement identifié comme majeur dans la démarche de Mobilité 2030.
L’enjeu face à ce problème ? Faire évoluer les comportements et mentalités et sortir du modèle classique de possession et d’usage individuel des véhicules. L’objectif serait, dans un futur proche, d’amener les usagers vers une utilisation partagée des véhicules. La voiture prendrait alors la forme d’un service à part entière, et non d’un produit possédé par un individu unique. Le futur c’est l’économie du partage et de la collaboration !
Et les vélos dans tout ça ?
Les transports publics et les voitures, c’est une chose. Mais nous, ce qui nous intéresse (vous l’aurez deviné) c’est les vélos ! Les modes de mobilités que représentent le vélo et la marche sont également primordiaux. Nous l’avons vu, ils représentent près des deux tiers des déplacements intra-muros. En effet, plus de 70% des déplacements se font sur des distances de moins de 5 km.
Il y a quelques années, la ville avait manifesté le souhait de devenir “la capitale mondiale du vélo”. Bien que Paris ne soit pas encore le paradis des vélo-addicts (on vous voit les voleurs!) et n’ai pas détrôné les villes Nordiques, le réseau de pistes cyclables a été considérablement déployé afin de sécuriser les déplacements. Nous avons notamment observé la mise en place des “réseaux express”, axes complètement protégés de la circulation. Depuis leur livraison, on note une augmentation de 50% de l’utilisation de vélos à Paris. L’expansion des vélibs, ou plus récemment du véligo, en est un autre indicateur. Dans cette vélorution, de nombreux employeurs optent pour la mise à disposition de vélos de fonction à leurs salariés. Un signe que les mentalités et comportements se transforment progressivement.
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